Eventré, le cœur arraché. Thierry Baudry, 31 ans, a été retrouvé mort hier matin dans sa cellule de la maison d'arrêt de Rouen.
C'est un surveillant de prison qui, à l'occasion de sa ronde, a fait l'horrible découverte peu avant 7 h. Le détenu était allongé sur son lit, recouvert d'un drap.
Selon les premiers éléments de l'enquête menée par les policiers de la Sûreté départementale, la victime, incarcérée depuis le 26 novembre, a été sauvagement tuée par l'un de ses deux compagnons de cellule. Nicolas Cocaigne, 35 ans, en détention préventive dans le cadre d'une affaire de mœurs, aurait d'ailleurs reconnu les faits dans les premières heures de sa garde à vue.
Le cœur cuit avec un réchaud
Les faits, justement, sont survenus durant la nuit. « Parce qu'elle ne respectait pas les''codes internes'' dans la cellule, parce qu'elle refusait de se soumettre, la victime a été frappée à plusieurs reprises, avant de tomber K-O et d'être, selon toute vraisemblance, étouffée avec des sacs poubelles.
Une autopsie sera pratiquée demain (aujourd'hui) après-midi à l'institut médico-légal pour préciser exactement les circonstances de ce décès », déclarait hier le procureur de la République de Rouen, Joseph Schmit.
Thierry Baudry serait donc mort étouffé, mais pas seulement. Car, au-delà de ces faits, se cachent des actes barbares et cannibales. Une fois le crime commis, Nicolas Cocaigne aurait alors éventré son coprisonnier, à l'aide d'un objet tranchant, et lui aurait extrait le cœur pour le manger. « Pour l'heure, les investigations sont en cours », confient des sources croisées du monde judiciaire et de la pénitentiaire. « Mais, en effet, le détenu Cocaigne aurait cuit le cœur avec un réchaud à gaz et l'aurait avalé, assaisonné d'oignons. » Des éléments que le suspect aurait confirmé devant les enquêteurs.
Le troisième codétenu, âgé de 34 ans, sous traitement neuroleptique, aurait indiqué aux policiers qu'il dormait lorsque les faits se sont déroulés. L'auteur présumé le met d'ailleurs hors de cause dans ses déclarations.
Contacté hier après-midi, le directeur de la maison d'arrêt Bonne-Nouvelle, Yves Bidet, confirme le décès de l'un de ses détenus. « Bien entendu, la violence existe en prison. Il ne faut pas se le cacher, mais c'est la première fois qu'un drame de cette nature intervient ici. »
Une demande de transfert
Incarcéré le 26 novembre à la prison de Rouen, Nicolas Cocaigne purgeait une peine de quatre ans d'emprisonnement pour une agression sexuelle, suite à une décision prononcée par le tribunal correctionnel de Rouen. Il avait été transféré dans cette cellule le 28 décembre. D'après nos informations, il se plaignait de ses nouveaux compagnons et souhaitait changer d'unité. « C'est possible », répond Yves Bidet, « mais ce souhait n'a pas été porté officiellement à la connaissance de l'administration pénitentiaire. »
Aujourd'hui, les constatations et les investigations vont se poursuivre. Nicolas Cocaigne et son compagnon de cellule vont à nouveau être auditionnés pour permettre à la brigade criminelle de faire toute la lumière sur cette mort sordide.